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Le rituel de démarrage, bien plus qu’un échauffement...

Guillaume Dopus - Chacun son échauffement
Guillaume Dopus - Chacun son échauffement

Guillaume Dopus
- Chacun son échauffement


Cet Article est issue de la publication "Un coup d'essai", réalisé par Trajectoire Ressources et Trajectoire Formation dans le cadre de la formation continu, "Participer et faire participer".



Un rituel de démarrage, mais qu’est-ce que c’est que ça ?


Regardons d’abord les mots : un « rituel ». Il y a là une connotation presque mystique, irrationnelle. Pourtant, rien de bien sorcier ici, il ne s’agit pas de transformer l’animateur en chaman, mais de lui donner les moyens de bien commencer avec le groupe qu’il anime. D’ailleurs, les rites ne sont pas exclusifs aux sociétés dites « primitives », ils imprègnent notre quotidien (cérémonies religieuses et laïques, célébrations collectives…). De même, nous assistons tous à des rituels de démarrage régulièrement, sans forcément nous en rendre compte : le chant des hymnes et les poignées de mains entre joueurs au début des rencontres sportives,un discours d’introduction à une cérémonie collective ou, à plus petite échelle, un café que l’on partage le matin avec ses collègues, la présentation succincte d’un professeur à ses élèves en début d’année… Tous n’ont pas les mêmes objectifs ni la même efficacité pour les atteindre. En fait, un rituel de démarrage, c’est un temps qui commence une animation collective et qui vise à inscrire tous les individus présents dans un « groupe », en partant du principe que la mise en groupe se travaille.

Mais concrètement ce rituel, il sert à quoi ?

Les objectifs d’un rituel de démarrage sont multiples dans une animation de groupe : le plus important est sans doute de permettre au groupe de vivre une expérience ensemble, la première de son histoire. Ainsi, cette « première fois » initie une dynamique de groupe, qui, elle, permet de sécuriser les plus timides et de prévenir les leaderships (ce qui se traduit par la prise en otage de la parole par quelques individus). Il peut également y avoir deux autres objectifs recherchés avec un rituel de démarrage : le premier est d’utiliser ce temps pour faire transition avec les préoccupations que l’on peut avoir avant d’entrer dans le groupe (et de donner un espace pour exprimer sereinement ses ressentis, ses soucis, pour ne pas qu’ils viennent « parasiter » ensuite les réflexions). Le second objectif est d’utiliser ce temps pour faire une entrée « légère » sur le sujet qui sera abordé dans la séance : par exemple en faisant vivre une expérience autour de ce sujet, qui pourra ensuite servir d’exemple et de « matériau » à travailler.

Et alors comment on fait ?

Pas de formule magique ou d’incantation miracle, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Si des exemples de rituels de démarrage peuvent facilement se trouver, il n’y a qu’en expérimentant soi-même en tant qu’animateur qu’on peut saisir les subtilités de ce temps déclencheur, en voyant tout ce qui s’y joue lorsque la magie opère et que le groupe prend forme. Insistons sur le fait que la créativité est la bienvenue pour innover et oser des rituels de démarrage originaux. On peut dire que
plus l’expérience vécue sera forte, plus le groupe en sortira uni, à condition qu’elle se passe bien. Attention par exemple aux animations qui peuvent exclure ou mettre en danger les individualités (si l’on demande trop d’exposition pour les plus timides, si l’on va demander de mettre en avant des choses considérées comme trop intimes…).

C’est là le rôle de l’animateur de sécuriser les plus hésitants, en jouant un rôle bienveillant, par des regards, par sa participation et son investissement
dans l’expérience (il n’est pas spectateur de ce temps, il y prend part, soit en tant qu’animateur, soit au même titre que tous les autres participants). La consigne joue également un rôle primordial : suffisamment précise, elle permet « d’embarquer » tout le groupe, qui sait ce qui est attendu de lui dans ce temps et y trouve un cadre rassurant. Pas trop contraignante, elle laisse ouvert le champ des possibles pour tester et vivre l’expérience pleinement, tout en passant un moment agréable. Ainsi chacun trouve son compte et peut alors entrer dans le rituel, du moins serein qui a besoin de directions claires, sans prendre de risque, au plus créatif qui laisse libre cours à son imagination. Le rituel de démarrage est en fait un « prétexte » à la création d’une dynamique de groupe, prétexte dans le sens où il contourne, ou évite le sujet qui a fait se réunir le groupe, pour s’en décentrer. Il permet ainsi à tous les participants de s’inscrire dans la dynamique collective, là où une entrée « brute » dans le sujet aurait fait émerger d’autres enjeux empêchant la participation de chacun. Ce temps n’est donc ni une introduction ni un temps à part du reste de la séance, il s’inscrit pleinement dans l’histoire du collectif puisqu’il va en être le premier souvenir. Une fois le rituel de démarrage terminé, la séance se poursuit, avec d’autres temps plus ou moins ritualisés, mais qui viendront poursuivre la dynamique collective déjà lancée.

Pauline Fattelay

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