©Guillaume Dopus - Rien de plus sérieux qu'un jeu d'enfant
Lorsque “ les ateliers du mercredi “ sont apparus dans notre cursus de formation, nous nous sommes demandé: “ pourquoi faire ? “ En réalité, au - delà de pourquoi faire c’est surtout “ avec qui le faire “ que nous aurions dû questionner.
L’intérêt de ces ateliers, outre les supports et les contenus, est aussi la rencontre. Les contenus, qu’ils soient artistiques, numériques, bibliographiques, informatifs ne sont que des supports. Les personnes qui y participent en sont l’objet.
Le brassage des promos des différentes formations permet d’avoir différents profils, différents points de vue sur une thématique commune.
BPJEPS, les BAPAAT, les DEJEPS, DESJEPS, tous éparpillés dans Trajectoire avec un formateur ou un ancien étudiant.
On m’a demandé de pouvoir expliquer comment je percevais ce moment, avec un angle de vue de mon choix. J’aurais pu choisir de parler des ateliers pour leur contenu. J’aurais pu parler de la forme ou de la temporalité. Je préfère parler de cette fameuse rencontre, ceux que l’on croise à la machine à café et à qui on dit poliment bonjour, sans demander plus. Celui qui a une casquette, celle qui a une robe à fleur. Derrière ces apparats, il y a aussi un professionnel ou un étudiant, qui a quelque chose à apporter, même s’il ne s’en doute parfois pas.
Dans ces ateliers, j’y ai découvert des talents ! J’y ai découvert des sensibles, des qui se cherchent, des incertains, des fonceurs. Le point commun (car il y en a au moins un ! ) ? l’envie de partager quelque chose, de raconter son expérience ou sa pratique. Expliquer ce que l’on fait en fonction du support ou du thème de l’atelier. Dans l’atelier “ Slam - écriture “ j’y ai découvert des doués ! des passionnés de cette pratique, avec qui je me suis amusé à sortir le plus beau texte possible ...
Chronologiquement, il y a souvent en début de séance une présentation rapide de chaque participant.
Lors d’un atelier, j’étais le seul DESJEPS, qui plus est en poste de Directeur d’une structure (Maison d’Enfants à Caractère Social) qui peut effrayer, qui interroge, qui peut paraître mystérieuse. C’est aussi cela la Protection de l’Enfance. D’emblée, cela a posé quelque chose dans le groupe, de manière complètement involontaire, mais bien réelle. En accord avec le formateur, nous avons alors fait une entorse au rythme de l’atelier, car j’expliquais comment je me tenais informé des évolutions du métier, du secteur, des nouvelles lois. Comment j’appréhendais la veille juridique, etc. De fil en aiguille, de jeunes professionnels en tout début de carrière, m’ont interrogé sur mon parcours. J’ai donc raconté mon histoire, longue de 25 ans de carrière, faite d’avancées professionnelles scandées par la formation tout au long du parcours. Je leur ai expliqué d’où j’étais parti et comment j’ai mis le pied dans l’animation, puis l’animation sociale et enfin l’éducation spécialisée. Comment, à force de travail et de remise en question(s), j’ai pu arriver là où je suis ...
J’ai souhaité, en faisant cela, leur permette de se projeter, se voir dans un avenir. Je leur ai expliqué que non, tous ne deviendront pas directeur, mais tous ont le choix de construire leur parcours professionnel, le choix de vouloir se former, remettre en question leur pratique tous les 4 - 5 ans.
Un des participant est venu me voir le lendemain en m’expliquant que ce que j’avais pu lui transmettre la veille le faisait rêver. De pouvoir avoir un jour un beau parcours, réussi. Il m’a dit qu’il avait envie de me prendre exemple. Cela m’a réellement touché.
S’il n’y a pas de différence dans le traitement de l’atelier, il y a une différence dans l’appréhension, dans l’analyse ou dans la posture. Forcément, si nous sommes dans un atelier qui demande une certaine expérience, comme par exemple un atelier où l’on cherche à savoir comment se tenir informé, comment suivre l’actualité du métier, etc., un directeur en place aura forcément plus à apporter qu’un jeune professionnel, qui est en poste depuis un mois. En revanche, un atelier dans lequel va s’exprimer la créativité, la pratique d’une technique, les choses s’équilibrent. Parfois même, ceux qui sont au contact du public au quotidien dans des actions d’animation ou prise charge, on plus à montrer ou a transmettre, en fonction des qualités ou des aspirations.
C’est là l’essence même de ce temps commun, de ce break dans la semaine, qui permet de souffler et de prendre du temps avec l’autre, pour l’autre même !
Tout cela pour dire que les ateliers, s’ils permettent une rencontre, durant laquelle il se passe quelque chose, il se crée une relation, et qu’il se produit une transmission, c’est gagné !! C’est un laboratoire d’expériences, de parcours, pour faire culture commune.
Après tout, nous serons peut-être l’un ou l’autre amenés à travailler ensemble, alors autant commencer à se connaître …
Pierre AGAMENNONE
DESJEPS
Directeur de la Maison d’Enfants à Caractère Social