Pratiques des réseaux sociaux - Pauline Fattelay et Corinne Schlicklin - Trajectoire Formation

Guillaume Dopus - Reflet trompeur

| © Guillaume Dopus - Reflet trompeur |

 

Trajectoire Formation et Trajectoire Ressources ont proposé un cycle de formation destiné aux professionnels de l’animation et du développement social local intitulée « Pratique des réseaux sociaux » avec le soutien de PMA et de la DRJSCS Bourgogne Franche-Comté.

Questionner les enjeux et les leviers qu’offrent les réseaux sociaux pour travailler avec son public dans une démarche d’Education populaire, telle était l’ambition de ce cycle.

Des animateurs, en poste ou en formation, des directeurs de structures, des acteurs de la prévention spécialisée, des acteurs de la politique de la ville se sont frottés à cette question parfois épineuse pour les professionnels : « on préfère le contact direct avec les jeunes », « le numérique, c’est que de la consommation »… montrant à quel point ils n’ont pas ou ne veulent pas empoigner cet outil, y compris au niveau des directions et des élus.

Monia, directrice de la maison de quartier Jacques Brel à Belfort, le confirme: « Intégrer ce cycle de formation m’a amené à me questionner sur ma pratique des réseaux sociaux, qu’elle soit personnelle ou professionnelle. J’ai été très vite amenée à confronter mes représentations à celles des autres professionnels en formation, c’est à ce moment-là que j’ai pris conscience de l’image négative que je pouvais avoir de cet outil. »

Souvent associé à des pratiques individuelles, coupant la communication et les projets en groupe ainsi qu’aux risques encourus (harcèlement, théories du complot…), le numérique est laissé de côté, les professionnels préfèrent rencontrer les jeunes « en vrai » et mener des actions et des projets « avec des groupes ». Comme si numérique et IRL étaient opposés, incompatibles, comme s’il fallait choisir entre l’un ou l’autre, comme si le numérique était dénué de toute dimension collective et participative.

Dans un contexte où les structures peinent à mobiliser ou faire venir les jeunes, est-ce qu’on ne rate pas alors une belle occasion d’accrocher les jeunes en allant sur leur terrain ? Et finalement, ne s’agit-il pas aujourd’hui du terrain de tous ? Les jeunes pourraient ainsi même permettre aux « adultes » de s’approprier un monde où la séparation entre numérique et IRL a désormais disparu. « Le Numérique évoque, bien plus qu’un outil de communication, une transformation du rapport au monde et à la connaissance. Il constitue un formidable levier d’accès à l’information et au savoir, d’expression et de mobilisation populaire… »

Des initiatives partout se développent pour permettre la rencontre avec le public sur les réseaux sociaux (Les promeneurs du Net), favoriser l’implication des jeunes dans les projets (alimenter un journal de bord sur Facebook, présenter et valoriser les actions menées…), le développement de leurs compétences en faisant (communiquer, monter des projets, découvrir, affiner, transmettre un talent artistique…), leur engagement (donner son opinion, affirmer des valeurs, afficher son soutien à des causes, mobiliser des groupes y compris IRL…). Autant de possibilités de faire ce l’outil numérique un véritable levier.

Monia précise : « Les différentes rencontres avec l’animateur Romain CHIBOUT de la FOL 70, le sociologue Gilles DRONIOU, m’ont fait prendre conscience de la place de ces outils dans la vie de tous. Pour les professionnels de l’animation, il est incontournable de se saisir de la question pour pouvoir mieux comprendre et accompagner les publics. Il est vrai qu’à ce jour, dans notre structure, nous développons des projets sans forcément utiliser ces nouveaux outils, cela ne semble pas être un frein pour le développement de projets.

Pour moi il semble toutefois judicieux de « prendre de l’avance » et d’amorcer une réflexion avec mon équipe pour pouvoir construire avec eux une communication pertinente au service du projet. L’objectif est d’être proactif, ceci permettra à l’équipe de mieux appréhender cet outil pour une meilleure utilisation, l’idée est de co-construire avec eux afin qu’ils soient partie prenante et vivent cette construction plutôt que de la subir. »

 

Monia conclut : « Aujourd’hui, dans le champ de l’éducation populaire, il faut mettre ces nouvelles pratiques numériques au service de notre projet social ».

 

  • Décider de s’emparer de cette question,
  • en faire un axe de travail collectif,
  • refuser de subir les évolutions, et, au contraire, participer à cette transformation à l’œuvre,
  • s’appuyer sur les compétences et potentiels des jeunes,
  • accepter de dépasser les oppositions binaires,
  • c’est bien poursuivre une démarche d’Education populaire.

     

    C’est aussi travailler à faire évoluer les pratiques d’animation et d’accompagnement des publics en réponse aux transformations de la société.

     

     

     


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